Connaissances des EEE animales

Bilan des espèces introduites à la Martinique

La faune présente en Martinique est composée de quelques centaines d’espèces dont plusieurs sont exotiques (qui ne sont pas présentes à l’origine sur le territoire ou qui ont été apportés par l’homme sur la Martinique). Parmi ces espèces exotiques, une petite quarantaine sont des EEE (données UICN).

Groupe
Espèces indigènes
Espèces introduites non envahissantes
Espèces introduites envahissantes
Mammifères
11
2
5
Oiseaux
116
13
3
Reptiles
10
1
6
Amphibiens
2
0
4
Poissons
16
4
2
Mollusques
53
12
10
Décapodes
14
1
1

Certaines EEE sont présentes sur le territoire depuis très longtemps, comme les rats (Rattus rattus) introduits au XVII siècle alors que d’autres ont une introduction très récente, par exemple le pléco (Hypostomus robinii) introduit en 2018. Les EEE sont introduites soit de manière accidentelle (lors d’échanges internationaux, via des containers ou des eaux de ballast par exemple), soit volontaire comme agents de lutte contre des espèces nuisibles ou récemment comme animaux de compagnie.

Les conséquences des EEE animales sont multiples et peuvent être d’ordre écologique, économique et/ou sanitaire :

  • d’un point de vue écologique, les EEE peuvent entrer en compétition avec les espèces locales, que ce soit pour l’habitat, les ressources alimentaires ou la reproduction (hybridation). Elles peuvent également transmettre des maladies et avoir un impact sur les écosystèmes, par exemple par consommation de la flore indigène ;
  • d’un point de vue économique, les EEE peuvent engendrer des pertes importantes dans plusieurs filières comme la pêche ou l’agriculture, en plus de dégrader certaines infrastructures (bâtis, routes, etc.) ;
  • d’un point de vue sanitaire, les EEE peuvent transmettre des maladies, entraîner des allergies à cause de venins ou de toxines, ou présenter des risques de piqûres, de morsures ou d’attaques.

Les EEE problématiques

Parmi les 145 EEE interdites en Martinique, une quarantaine est déjà présente sur le territoire. Il est généralement admis que les espèces introduites ont toutes, à des degrés divers, un effet perturbateur sur le fonctionnement et la biodiversité des écosystèmes dans lesquels ils sont introduits. Les connaissances manquent parfois pour évaluer correctement la nature et l’importance de cet effet (AEVA, Lorvelec et al. 2001).

En revanche, certaines EEE sont largement répandues en Martinique et leurs impacts bien connus :

  • L’iguane rayé (ou commun, ou vert, Iguana iguana)
Cet iguane, originaire d’Amérique du Sud, a été introduit dans les années 50 dans le cadre d’un jardin zoologique au fort Saint-Louis et a depuis étendu son territoire. Cette espèce peut se reproduire avec l’iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima), même si à l’heure actuelle, les populations de ces deux espèces ne semblent pas en contact (l’iguane des Petites Antilles est localisé sur l’îlet Chancel et dans des forêts difficiles d’accès au Nord). Cependant la multiplication de la population d’iguane rayé menace la survie à long terme de l’espèce endémique. L’iguane rayé vit en zone urbaine, principalement à Fort-de-France et sur les communes alentour, où il pose également des problèmes économiques (dégâts aux infrastructures) et sanitaires (transmission de salmonelles).
Pour connaître plus en détails les impacts de l’iguane rayé et savoir quoi faire en cas d’observation, consulter ici le
 
Pour en savoir plus sur l’iguane commun et l’utilisation de nids artificiels, consultez le .
  • Les mammifères : le rat (Rattus rattus) et la mangouste (Urva auropunctata)

Ces deux espèces causent des dommages importants à la faune locale, notamment en prédatant les œufs des tortues marines, des iguanes des petites Antilles ou du moqueur à gorge blanche, espèces protégées. Des opérations de dératisation et de capture de mangouste sont régulièrement réalisées en Martinique.

Rat noir
Rat noir | ©Biotope
Mangouste
Mangouste | ©Fabien Lefebvre

Pour en savoir plus, consulter la page Actions de lutte contre les EEE.

  • Le gecko tokay (Gekko gecko)
Ce reptile a été introduit en Martinique en 1970 comme animal de compagnie et a ensuite été relâché dans le milieu naturel. Son régime alimentaire insectivore en fait un prédateur des insectes locaux. Les termites ailés sont l’une de ses proies favorites mais il consomme également des libellules, des sauterelles, des blattes, des papillons et des coléoptères. A l’occasion, il peut consommer des proies de plus grande taille et opter pour un régime carnivore. Il existe ainsi un risque de prédation d’espèces de reptiles locaux. Le gecko tokay est porteur de la salmonelle mais également de plusieurs bactéries résistantes transmissibles aussi bien à l’homme qu’à la faune indigène. Il pousse un cri très particulier dont la sonorité « to ké » lui a valu son nom et des nuisances sonores nocturnes sont souvent signalées.
  • Le pléco (Hypostomus robinii)
Ce poisson-chat, originaire d’Amérique centrale et du Sud, est utilisé en aquariophilie pour nettoyer les parois des aquariums. Volontairement relâché dans les rivières, il a été détecté dans le milieu naturel récemment en Martinique (2018). Les plécos possèdent des barbillons qui les aident à fouiller le sol, dont ils raclent les algues. Ils ingèrent ainsi des œufs de poissons indigènes, et pourraient entrer en concurrence avec les colle-roche locaux (Sycidium sp.). Ce poisson peut également fragiliser les berges des cours d’eau et transmettre des parasites à la faune locale.
Pour en savoir plus sur la répartition du pléco en Martinique, consulter l’étude suivante :
 
  • L’écrevisse à pinces rouges (Cherax quadricarinatus)
Cette écrevisse, souvent appelée « cherax » est endémique d’Australie et du sud-ouest de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Elle a été introduite en Martinique au début des années 2000 à des fins d’aquaculture et les premières observations de cette écrevisse dans le milieu naturel datent de 2007. Elle est vendue vivante à des particuliers qui la rejettent dans les rivières pour leur consommation personnelle. Cette espèce peut avoir un impact sur les populations indigènes par compétition/prédation, par la modification de l’habitat, et par la propagation de parasites.
Pour en savoir plus sur la situation de l’écrevisse à pinces rouges en Martinique, consulter les études suivantes :
  • La tortue de Floride (Trachemys scripta elegans)
Ce reptile, originaire d’Amérique du nord, a été volontairement relâché dans le milieu naturel dans les années 1980 par des particuliers, gênés par la taille qu’elle peut atteindre une fois adulte (plus de 30 cm). En plus d’être porteuses de salmonelles, les tortues de Floride ont un régime alimentaire omnivore et sont susceptibles de consommer des crustacés, mollusques, poissons, insectes et larves indigènes.
Pour en savoir plus sur la tortue de Floride en Martinique, consulter l’étude suivante :
  • Le gymnophthalme d’Underwood et les amphibiens

Le Gymnophthalme d’Underwood (Gymnophthalmus underwoodi), largement répandu dans la Caraïbe et en Amérique, a été introduit accidentellement en Martinique dans les années 1990. Il concurrence et menace le Gymnophthalme de plée (Gymnophthalmus pleii), endémique de la Martinique.
Deux espèces de scinax ont été importées en Martinique par le transport maritime : la scinax des maison (Scinax ruber) en 1997 et la scinax x-signée (Scinax x-signatus) à la fin des années 2000. Elles cohabitent avec l’éleuthérodactyle de la Martinique (Eleutherodactylus martinicensis), une espèce endémique des îles du centre des Petites Antilles et dont le statut de conservation est " quasi menacée". Compte tenu de leur taille similaire et de la fréquentation des mêmes habitats, une concurrence pour les ressources alimentaires et l’espace pourrait s’installer, aux dépens de l’éleuthérodactyle de la Martinique.

Pour en savoir plus :
Consulter ici notre page sur les actions de lutte mises en place contre les EEE !

Guide des espèces animales exotiques envahissantes de Martinique

Face à la menace que représentent les EEE animales, la DEAL a réalisé un guide à destination du grand public. L’objectif est de sensibiliser le grand public à la problématique et de présenter sous forme de fiches les 26 espèces exotiques envahissantes les plus problématiques et leurs impacts.

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