Actions de lutte

Pour protéger le patrimoine martiniquais et la biodiversité locale, des actions de lutte sont nécessaires pour limiter les impacts des espèces exotiques envahissantes sur l’île.

Lutte contre l’iguane rayé (Iguana iguana)

Face aux espèces exotiques envahissantes les plus problématiques et occasionnant le plus d’impacts négatifs (qu’ils soient d’ordre écologique, économique ou sanitaire), la stratégie nationale consiste à mettre en place des plans de lutte. En Martinique, il en existe spécifiquement un pour l’iguane rayé (Iguana iguana). En plus de représenter la principale cause du déclin de l’iguane péyi (Iguana delicatissima), espèce endémique des petites Antilles, l’iguane rayé peut également poser de nombreux autres problèmes dans les zones où il se trouve en grande densité.
Capture d'un iguane rayé à Fort-de-France
Capture d'un iguane rayé à Fort-de-France | ©DEAL Martinique
Une trop forte concentration d’iguanes rayés sur une zone peut entraîner un surpâturage de la végétation, et notamment des palétuviers en bord de mangrove, ce qui peut provoquer la fragilisation de tout cet écosystème essentiel au développement et à la survie de nombreuses espèces marines. La présence d’iguanes rayés en milieu urbain entraîne également des impacts économiques et sanitaires (les iguanes pouvant déstabiliser les infrastructures en creusant leurs nids dans le sol et pouvant être vecteurs de plusieurs pathogènes).

Pour toutes ces raisons, un Plan de Lutte contre l’Iguane Commun (PLIC) a été mis en place et est animé par la DEAL Martinique. L’objectif est de pouvoir contenir l’expansion géographique de l’iguane rayé vers les dernières zones « refuge » de l’iguane péyi (forêt du nord de la Martinique et îlet Chancel) et de limiter ses impacts dans les zones où il est en grande densité (Fort-de-France par exemple).

Dans le cadre du PLIC, la DEAL, en partenariat avec l’OFB (Office Français de la Biodiversité), est en train de former des agents des communes et des communautés d’agglomération à la capture des iguanes rayés présents sur les secteurs où l’iguane péyi est absent (Centre et Sud de la Martinique), afin de former un réseau de veille et de répondre aux signalements des habitants. Un travail similaire est réalisé pour la zone Nord de la Martinique par l’ONF, en tant qu’animateur du Plan National d’Actions pour la sauvegarde de l’iguane péyi. De plus, des journées de lutte sont organisées avec l’ONF, le PNRM, l’OFB et des prestataires privés, pendant lesquelles le maximum d’iguanes rayés sont attrapés sur une zone définie.

En complément de ces actions, un travail de réflexion est en cours au niveau de la DEAL pour trouver un moyen d’intervenir directement au niveau des nids et des œufs pour la régulation de l’espèce. De plus, un travail sur la valorisation des iguanes rayés (étude scientifique des pathogènes, consommation de la viande, cuir, …) devrait être mené prochainement avec la DAAF.
Pour plus d’information sur les iguanes en Martinique, vous pouvez consulter :

Lutte contre la petite mangouste indienne (Urva auropunctata)

Classée parmi les 100 espèces les plus envahissantes au monde, la petite mangouste indienne (Urva auropunctata) est présente en Martinique depuis la fin du 19ème siècle. Elle a été introduite volontairement sur l’île comme agent de lutte biologique pour réguler les populations de rats et de bothrops fer de lance. Étant donné que c’est une espèce diurne, contrairement aux rats et serpents qui sont nocturnes, l’introduction de la mangouste n’a pas eu les effets attendus.

En revanche, l’espèce s’est largement développée sur le territoire, au point de provoquer des impacts négatifs sur l’écologie, l’économie et la santé :

  • Les mangoustes incluent dans leur régime alimentaire des œufs d’espèces protégées en danger d’extinction telles que les tortues marines (en particulier la tortue imbriquée), l’iguane endémique des Petites Antilles, ou iguane péyi (Iguana delicatissima), ou encore le moqueur à gorge blanche (Ramphocinclus brachyurus). Elle prédate également des œufs d’oiseaux plus communs qui nichent au sol ou à mi-hauteur et de petits reptiles, amphibiens et insectes.
  • Les mangoustes peuvent faire beaucoup de dégâts dans les poulaillers, entraînant des pertes économiques.
  • Les mangoustes sont des vecteurs potentiels de la rage et de la leptospirose. Le risque sanitaire est bien présent même si tous les spécimens ne sont pas forcément porteurs.
Prédation d'oeufs de tortues marines
Prédation d'oeufs de tortues marines | ©ONF

Au regard de la répartition actuelle de l’espèce sur l’ensemble du territoire martiniquais, une lutte globale ne peut plus être envisagée mais des opérations de lutte ont régulièrement lieu pour lutter contre ses effets indésirables. La mangouste figure sur l’arrêté du 8 juillet 2013 autorisant sa capture et sa destruction par le personnel de structures identifiées spécifiquement pour la lutte. Cela se traduit par du piégeage dans les zones à forts enjeux de conservation pour des espèces menacées :

  • piégeage sur la Réserve Naturelle Nationale de la Caravelle pour la protection du Moqueur à Gorge blanche par le PNRM ;
  • piégeage sur les plages dans le cadre du Plan National d’Actions sur les Tortues Marines et au sein des Réserves Biologiques Dirigée et Intégrale pour la préservation des sites de pontes des Tortues Marines par l’ONF (gestionnaire du site). Des opérations de lutte ont été menées sur les plages d’Anse à voile, d’Anse Lévrier et d’Anse Trabaud, en 2012, 2014, 2018, 2019 et 2020. En 2020, des captures ont également eu lieu à Pointe Rouge et à Pointe à Bibi (Caravelle). Ces plages ont été choisies en raison du fort taux de prédation observé. En 2020, 115 mangoustes ont été capturées sur les cinq sites. Dans le cadre du PNA tortues marines, ces actions de lutte sont poursuivies sur ces cinq plages en 2021.
Pour plus d’informations sur les actions de lutte contre la mangouste, vous pouvez consulter :

Lutte contre Miconia (Miconia calvescens)

Miconia calvescens appartient aux 100 espèces les plus envahissantes au monde et représente une menace pour les forêts de la Réserve Biologique Intégrale de la Montagne Pelée. En vue d’enrayer cette situation, la DEAL a lancé une consultation en 2018 pour mener un chantier de lutte sur le Jardin des Ombrages à Ajoupa Bouillon. C’est l’ONF qui a eu la charge de réaliser ces travaux dans des secteurs souvent escarpés et difficiles d’accès. Le chantier a duré une semaine et a permis de « nettoyer » un secteur de plus de 6 hectares. Les plantules ont été arrachées et les individus adultes ont été abattus et brûlés.

Aucun produit phytosanitaire n’a été utilisé dans le cadre de ce chantier et toutes les précautions ont été prises pour éviter de disséminer passivement les graines (rinçage quotidien des outils, vêtements et chaussures dans l’eau salée). En 2020, la DEAL a mandaté un bureau d’études pour réaliser des prospections sur les communes du Morne Rouge et d’Ajoupa-Bouillon, d’une part dans le Jardin des Ombrages pour effectuer un suivi de la lutte réalisée en 2018 et d’autre part sur des secteurs où potentiellement Miconia calvescens pouvait être présent (réseaux de ravines aux alentours des foyers connus). Le but est d’obtenir une répartition précise de cette espèce en vue de prioriser et d’adapter de nouvelles actions de lutte. Ces prospections ont permis de mettre en évidence un gros foyer en amont du Jardin des Ombrages.Dans le cadre de mesures compensatoires liées au défrichement, une convention a été établie entre le maître d’ouvrage (la société Sablières Fond Cannonville) et l’ONF. L’objectif est l’amélioration sylvicole des ripisylves et boisements limitrophes des cours d’eau de la commune d’Ajoupa-Bouillon en régulant l’EEE Miconia calvescens de manière à laisser place aux espèces forestières présentes. Ainsi l’ONF a poursuivi les actions de lutte sur le Jardin des Ombrages en arrachant de nouvelles plantules, de jeunes plants et un adulte de plus de 2 m. Par ailleurs, une équipe de grimpeur de l’ONF interviendra en 2021 pour couper les gros individus difficiles d’accès car situés sur une falaise au niveau du Jardin des Ombrages. Le foyer de la rivière Falaise a également été traité par l’ONF, en coupant les gros individus et dans la mesure du possible en extrayant les souches. Compte tenu du fait que les graines de Miconia peuvent rester actives plus de 15 ans dans le sol, il est nécessaire d’empêcher de nouveaux individus de pousser. Aussi, des boutures d’espèces locales ont été plantées à l’emplacement où Miconia a été arraché afin d’occuper l’espace et d’empêcher sa “reprise”.

Par ailleurs, face à la menace que représentent les EEE et en parallèle de ces actions, le PNRM a lancé un Atelier Chantier d’Insertion (ACI) « lutte contre les EEE » en septembre 2020.
Dans le cadre de cet ACI, les participants ont bénéficié d’une formation dispensée par l’ONF, à la reconnaissance d’EEE végétales et aux techniques de lutte contre Miconia calvescens.
Les personnes de l’ACI ont appris à éradiquer cette espèce dans le respect d’un protocole strict qui permet d’éviter sa propagation (rinçage de tout outil et équipement ayant pu être en contact avec les graines, à l’eau de mer).

Avec les premiers résultats des prospections du bureau d’études mandaté par la DEAL, l’ONF a priorisé ses efforts de lutte sur le nouveau foyer découvert en amont du Jardin des Ombrages. Une tournée de reconnaissance a été effectuée, en présence des salariés de l’ACI, pour marquer à la peinture les gros spots de Miconia et arracher les plants. L’effort de lutte sera poursuivi en janvier 2021 par les salariés de l’ACI. L’ONF va réaliser un suivi sur les sites traités à une fréquence de passage de 4 fois par an pendant 3 ans afin le cas échéant d’arracher toute nouvelle plantule et empêchant toute reprise de cette EEE. A noter que Miconia calvescens est également présent au Morne Rouge et a été détectée en juillet 2020 au Gros-Morne. Ces secteurs restent donc à surveiller.

Pour apprendre à reconnaître Miconia calvescens et découvrir les bons réflexes à avoir si vous l’observez, consultez cette

Lutte contre les rats : opération de dératisation des îlets du Robert et de Sainte-Marie

  • Contexte

Dans le cadre du « Programme d’amélioration des connaissances et conservation de la biodiversité 2013-2014 » le Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM) et ses partenaires, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), le Conservatoire du Littoral, l’Association Le Carouge, l’Office Nationale des Forêts (ONF) et les villes du Robert et de Sainte-Marie, ont mené une Opération de dératisation des Îlets de Sainte-Marie et du Robert, du 18 février au 21 mars 2013.
L’îlet de Sainte-Marie, la Pointe Pain de Sucre ainsi que les îlets Boisseau et Petit Piton, constituent des habitats naturels précieux pour la reproduction de la Sterne de Dougall (Sterna dougallii), une espèce protégée. Elle fréquente la Martinique d’avril à septembre et utilise les îlets non habités où elle niche en colonies. Les activités anthropogéniques ont fortement impacté les habitats naturels utilisés par la Sterne de Dougall et ce malgré les mesures de protection mises en place sur ces îlets. Parmi les impacts négatifs, on note la présence importante d’espèces introduites, notamment celle du rat noir (Rattus rattus). Les œufs et les poussins de Sterne de Dougall peuvent être prédatés par les rats qui constituent une menace sévère. Le rat noir est un omnivore qui se reproduit toute l’année et s’adapte aisément à divers habitats. Il figure sur la liste des 100 espèces les plus envahissantes au monde (UICN 2011).

Les îlets concernés dans le cadre de ce programme de dératisation bénéficient de statut de protection distincts. Les îlets Boisseau, La Grotte et Madame bénéficient depuis 2002 d’Arrêtés de Protection Biotope (APB). Ils sont également désignés depuis 2007 comme sites inscrits. Les îlets de Sainte Marie, le Pain de Sucre bénéficient depuis 1999 d’un Arrêté de Protection Biotope (APB). De plus, l’îlet Boisseau et la Pointe Pain de Sucre figurent dans la liste « Important Bird Area » (IBA) de Birdlife International. La Martinique compte en tout 10 IBA.
L’ îlet la Grotte et l’îlet Madame sont habités et ne sont donc pas fréquentés par les Sternes de Dougall. Néanmoins, leurs proximités respectives avec les îlets Petit Piton et Boisseau imposent qu’une action de dératisation y soit menée, à titre préventif, afin d’éviter toute recolonisation des îlets utilisés par les Sternes. Ces îlets sont propriété de l’État, qui en a confié la gestion à l’Office National des Forêts (ONF). L’îlet Boisseau est sous juridiction du Conservatoire du Littoral.

  • Protocole

Le protocole appliqué aux actions de dératisation a été développé par M. PASCAL de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) de Rennes, en 1998. Le piégeage se déroule sur 20 jours et est divisé en deux phases : une session de piégeage mécanique de 10 jours consécutifs sur chaque site ; puis une session de 10 jours de piégeage chimique permet d’assurer une élimination complète des rats ayant évité les ratières puisque ceux ayant consommé le poison meurent quelques jours après ingestion du produit. Les espèces non ciblées attrapées dans les ratières sont libérées.

Piégeage chimique
Piégeage chimique
Piégeage mécanique
Piégeage mécanique

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