Crustacés terrestres et d’eau douce

Réglementation

Aucune espèce de crustacés terrestres n’est protégée mais cela ne signifie pas qu’on peut capturer un crustacé. En effet celui-ci doit être réglementé en tant qu’espèce autorisée à la pêche pour être prélevé. La pêche en rivière est interdite sur tout le territoire de la Martinique depuis 2009 en raison de la contamination à la chlordécone. Pour consulter l’arrêté préfectoral et pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Pêche en eau douce.

©P.Martin
©P.Martin
La seule espèce de crustacé réglementée en Martinique est le Crabe de terre Cardisoma guanhumi. Sa capture, sa vente et son achat sont interdits pour des individus dont la largeur de la carapace est inférieure à 7 cm (sans les pattes) et les individus dont la largeur de carapace est supérieure à 7 cm ne peuvent être capturés en Martinique que 16 juin au 14 février (arrêté du 25 avril 2019).

Retrouvez la réglementation sur la pêche maritime de loisir et professionnelle du crabe de terre sur le site de la Direction de la Mer.

Dans le cadre de suivis scientifiques des cours d’eau, une autorisation de pêche doit être obtenue auprès de la DEAL Martinique. Vous pouvez envoyer votre demande à p-speb.deal-martinique@developpement-durable.gouv.fr, en précisant le contexte et les objectifs de l’étude, la technique de pêche, la localisation des pêches prévues et le planning.

Connaissances

Les crustacés décapodes constituent l’ordre le plus important de la classe des crustacés, tant par le nombre d’espèces que par la variété des formes et la taille des individus. Ils présentent une très grande diversité morphologique (homards, crabes, langoustes, écrevisses, crevettes, …), éthologique (espèces nageuses, marcheuses) et écologique (espèces marines, terrestres, dulçaquicoles).

Plus de 40 espèces de crustacés décapodes ont été recensées en Martinique et la liste n’est pas exhaustive (Maréchal 1998 ; Lim, Meunier et al. 2002). La plupart de ces espèces se rencontrent en mer, sur l’estran, le littoral sableux ou en mangroves et en arrières-mangroves (voir page Crustacés milieu marin, notamment pour les crabes de mangrove – en cours de rédaction).

16 espèces de crustacés fréquentent les eaux douces de la Martinique (source : liste rouge UICN). Les crustacés décapodes possèdent une carapace qui recouvre la tête, le thorax et latéralement la chambre branchiale. Les trois premières paires d’appendices thoraciques sont modifiées en appendices buccaux (les maxillipèdes) tandis que les cinq paires suivantes (P1 à P5) sont de vraies pattes (décapodes = 10 pattes).

  • Les Crabes

Le crabe de terre (Cardisoma guanhumi)

Ce crabe de terre mesurant en moyenne 11 cm (mais pouvant aller jusqu’à 35 cm) vit dans des zones humides à proximité de rivages et a la particularité de posséder des branchies pour respirer. Il creuse ainsi des terriers dont le fond est toujours rempli d’eau, nécessaire à sa respiration. Lorsque ses branchies sont humides, il peut sortir de son terrier et se déplacer sur la terre mais doit retourner les humidifier dès qu’elles s’assèchent.

Très prisé pour sa chair, il est traditionnellement consommé en un plat typique appelé Matoutou lors des célébrations des fêtes de Pâques et de Pentecôte en Martinique. C’est en raison de sa forte consommation qu’un arrêté préfectoral limite sa pêche (voir onglet réglementation).

Crabe de terre <i>Cardisoma guanhumi</i>
Crabe de terre <i>Cardisoma guanhumi</i> | ©DEAL
Crabe de terre <i>Cardisoma guanhumi</i>
Crabe de terre <i>Cardisoma guanhumi</i> | ©DEAL

La cirrique de rivière (Guinotia dentata)

La cirrique de rivière est le seul crustacé endémique des petites Antilles. Ce crabe de couleur brun-chocolat avec une large zone centrale jaune est d’assez grande taille, jusqu’à 60mm de longueur de carapace. Les femelles donnent naissance à une centaine de juvéniles qu’elles protègent sous l’abdomen. Guinotia dentata se rencontre sur les cours supérieurs et moyens des rivières ombragées, uniquement en eau douce, mais peut se rencontrer également hors de l’eau.

Cirrique de rivière <i>Guinotia dentata</i>
Cirrique de rivière <i>Guinotia dentata</i> | ©E.Mitchell
Cirique de rivière <i>Guinotia dentata</i>
Cirique de rivière <i>Guinotia dentata</i> | ©O.Radosta
  • Les Crevettes

Il est important de faire la distinction entre les crevettes, qui sont des « crustacés nageurs » ayant plusieurs stades larvaires, et les écrevisses, qui sont des « crustacés marcheurs » ne sachant pas nager et dont les petites écrevisses sortent directement de l’œuf tel un adulte miniature.

Les crevettes d’eau douce ont un cycle biologique caractéristique. Les adultes vivent, se nourrissent et se reproduisent dans le cours d’eau douce. Après éclosion, les œufs et larves sont transportés par le courant jusqu’à l’embouchure du cours d’eau, zone de mélange d’eau douce et d’eau de mer. Ils vont alors passer quelque temps dans ce milieu possédant toutes les conditions nécessaires à leur développement (salinité inférieure à l’eau de mer et nourriture adaptée). Ce n’est qu’à la fin de leur développement que les individus vont remonter le cours d’eau pour accéder aux sites de nourrissage et de reproduction. On parle d’espèces amphihalines.

Les deux familles les plus importantes de crevettes en Martinique, sont les Palaemonidés, dont les deux premières paires de pattes sont transformées en pinces préhensiles, et les Atyidés, dont les deux premières paires de pattes forment des pinceaux de soies. Une espèce d’une troisième famille est également décrite dans cet article, les Xiphocaridés.

Les Palaemonidés

Il existe en Martinique 6 espèces de Palaemonidés, appelés localement ouassous  : Macrobrachium carcinus, Macrobrachium acanthurus, Macrobrachium crenulatum, Macrobrachium faustinum, Macrobrachium heterochirus et Palaemon pandaliformis.
Macrobrachium rosenbergii, appelée crevette géante d’eau douce, a quant à elle été introduite dans les Antilles françaises à des fins d’élevage en fermes aquacoles, et a été inventoriée dans les cours d’eau où sont présents des élevages à proximité.

  • Ouassou ou z’habitant (Macrobrachium carcinus)

Cette espèce de crevette de rivière (souvent appelée à tort écrevisse) possède de grosses pinces justifiant le nom qui lui a été donné. Sa coloration de base va du noir bleuté au brun et a une taille moyenne de 200 mm. Cette espèce était fortement consommée et appréciée par les martiniquais, avant que la pêche en rivière soit interdite en raison de la contamination à la chlordédone. L’espèce, nocturne, vit dans les ruisseaux, les rivières et les criques allant du bord de la mer jusqu’à 300m d’altitude. Le développement larvaire s’effectue en eau de mer le grossissement en eau saumâtre, avant de fréquenter les cours d’eau douce. Macrobrachium carcinus étant très sensible à la pollution, il constitue un bon indicateur biologique.

Ouassou <i>Macrobrachium carcinus</i>
Ouassou <i>Macrobrachium carcinus</i> | ©DEAL
Ouassou <i>Macrobrachium carcinus</i>
Ouassou <i>Macrobrachium carcinus</i> | ©DEAL
  • Crevette transparente (Palaemon pandaliformis)

Présente sur l’ensemble de la côte atlantique tropicale du continent américain et aux Antilles, la Crevette transparente occupe les parties à l’aval des cours d’eau, abritées du courant et envahies par une végétation semi-aquatique. On peut également la retrouver dans les eaux saumâtres des embouchures et des canaux de mangrove. Ce petit crustacé de 4,5 cm de long a un aspect transparent à opaque, laissant deviner ses organes.

La biologie de cette espèce est peu connue. Elle se nourrit probablement de façon opportuniste, aussi bien de petits invertébrés aquatiques morts que de débris végétaux tombés
dans l’eau. Une partie de son cycle de reproduction se situerait en eau salée, riche en plancton, mais où la pression de prédation est aussi élevée.

En Martinique, l’espèce est considérée comme “Vulnérable” que la liste rouge des espèces menacées de la faune du fait du faible nombre de sites où elle est présente, de leur diminution probable au cours du temps sous l’influence de fortes pollutions par la chlordédone et d’autres substances chimiques, ainsi que de la petite taille observée de ses populations. Elle subit également une pression liée à l’artificialisation des berges et à la pêche des alevins dans les embouchures, pourtant interdite.

Les Atyidés

Les deux principales espèces d’Atyidés présentes en Martinique sont Atya innocous et Atya scabra. Les deux espèces se retrouvent dans les tronçons de rivière de basse altitude, et affectionnent les faciès d’écoulement de type cascade, rapide et radier. Cependant, Atya innocous se rencontre à des altitudes allant jusqu’à 300 m alors qu’Atya scabra ne dépasse pas les 100m d’altitude. Les deux Atyidés se retrouvent dans presque tous les cours d’eau.

De teinte différente, brun irisé pour Atya innocous et vert olive pour Atya scabra, ces deux espèces ont le même cycle de reproduction, avec des femelles pouvant porter près de 6000 œufs sous leur ventre. Dotées deux pattes puissantes, ces deux crevettes peuvent franchir des obstacles naturels hauts de plusieurs mètres en s’accrochant aux roches humides et aux plantes fixées sur le bord des rivières.

<i>Atya scabra</i>
<i>Atya scabra</i> | ©A.Lozano

3 autres espèces d’Atyidés sont présentes en Martinique, Micratya poeyi et Potimirim potimirim, appelées petits-boucs. Ce sont de toutes petites crevettes, qui ne font pas plus de 3 cm à l’âge adulte. Il faut avoir une loupe pour pouvoir observer leurs pinceaux de soies. Jonga serrei est également une petite crevette de 3 cm, qui est endémique des Caraïbes.

Les Xiphocaridés

La petite-chevrette (Xiphocaris elongata) est une crevette de taille moyenne (3 à 7 cm), possédant de gros yeux globuleux et ayant également le corps translucide laissant apparaître ses organes. Cette crevette vit en groupe sur les fonds sableux des eaux calmes et ensoleillées des rivières. Elle est capable de sortir de l’eau en cas de danger ou pour contourner un obstacle. Étant détritivore, la petite-chevrette a un rôle important dans la décomposition des végétaux de la rivière.

  • Les Écrevisses (Espèces Exotiques Envahissantes pour la Martinique)

En Martinique, Cherax quadricarinatus est une espèce exotique envahissante. A ce titre, son introduction sur le territoire ou dans le milieu naturel, sa détention, son transport, sa vente ou son achat sont interdits par l’arrêté ministériel du 7 juillet 2020.

Endémique d’Australie et du sud-ouest de la Papouasie Nouvelle-Guinée, elle a été introduite en Martinique en 2002 à des fins d’aquaculture pour remplacer Macrobrachium rosenbergii jugée moins productive. Les premières observations de l’écrevisse Cherax quadricarinatus dans le milieu naturel datent de 2007.

<i>Cherax quadricarinatus</i>
<i>Cherax quadricarinatus</i> | ©T.Baudry

Pour en savoir plus les espèces exotiques envahissantes, rendez-vous sur cette page.

 

Données disponibles

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet de l’Observatoire Martiniquais de la Biodiversité

Dans l’attente d’un Système d’Information sur la Nature et les Paysages (SINP) pour le territoire de la Martinique, vous pouvez envoyer un mail à : p-speb.deal-martinique@developpement-durable.gouv.fr, pour obtenir des données complémentaires disponibles sur votre site d’étude en précisant le pétitionnaire, l’objet de l’étude et la localisation du projet (numéro de parcelle).

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