Coraux

IFRECOR

L’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR), créée en 1999, agit pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés (mangroves, herbiers) dans les collectivités d’outre-mer. Elle est constituée d’un comité national et d’un réseau de 10 comités locaux, dont un comité local en Martinique. Le secrétariat de l’IFRECOR est assurée par le ministère en charge de l’écologie et par le ministère en charge de l’outre-mer. Afin de répondre à ses objectifs, le comité national met en œuvre un programme d’actions sur 5 ans. Il s’articule autour de plans d’actions locaux établis par chaque collectivité et d’actions transversales portant sur les thèmes intéressants l’ensemble des collectivités d’outre-mer.

L’IFRECOR est une déclinaison nationale de l’initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI). Initié en 1995 par les États-Unis, elle regroupe 80 pays sur la centaine comptant des récifs coralliens. Le secrétariat est, jusqu’en 2020, hébergé par l’Australie, l’Indonésie et la Principauté de Monaco.

Le comité national est composé de parlementaires, de représentants des départements ministériels, d’organismes scientifiques, de socioprofessionnels, d’ONG et des représentants des comités locaux. La DEAL Martinique, à ce titre, fait partie du comité national.

Des plans d’action nationaux (PAN) sont élaborés tous le 5 ans depuis la création de l’IFRECOR. Le PAN de la quatrième phase arrive à échéance en 2020. La concertation autour du 5ème PAN est en cours.

Depuis 2021, la gouvernance du comité local IFRECOR a été revue afin de le redynamiser. Il se décline de la manière suivante :

Pour en savoir plus : site de l’IFRECOR
Contact : Responsable de l’animation du comité local Martinique : Sabrina MUNIER

Protection des coraux

Seize espèces de coraux sont protégés en Guadeloupe, en Martinique et à Saint-Martin. L’arrêté ministériel du 25 avril 2017 fixe la liste des espèces et les modalités de leur protection : toute capture de madrépores (coraux), qu’elle qu’en soit l’importance, quels qu’en soient les moyens employés, est interdite dans les eaux territoriales et les eaux intérieures bordant les côtes de la Martinique.
Pour la première fois en France, un arrêté ministériel protège depuis l’année dernière 16 espèces de coraux scléractiniaires en Guadeloupe, Martinique et à Saint-Martin, au titre des articles L411-1 et suivants du code de l’Environnement.

Ce texte réglementaire, validé à l’unanimité par les experts du conseil national de la protection de la nature, dispose que sont interdits la mutilation, la destruction, l’enlèvement de spécimens dans le milieu naturel ainsi que leur transport, colportage, utilisation commerciale ou non, détention, mise en vente, vente ou achat. Il couvre les espèces issues de sept familles de coraux constructeurs de récif ou rares : les acroporidés, les agariciidés, les meandrinidés, les merulinidés, les mussidés et les oculinidés et l’espèce Cladocora arbuscula.

Cette décision fait suite aux travaux engagés dans le cadre du réseau IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens) et contribue à l’objectif de protection de 75 % des récifs coralliens d’ici 2021, inscrit dans la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. D’un point de vue régional, elle s’inscrit dans la dynamique du protocole sur les aires et espèces protégées (SPAW) de la convention de Cartagène, convention de mer régionale ratifiée par la France et visant la protection et la valorisation du milieu marin de la Caraïbe. Les parties, avaient en effet décidé en 2014 d’ajouter les quatre espèces de coraux constructeurs les plus menacés aux annexes des espèces animales marines et côtières protégées. Ce texte permet ainsi à la France de respecter ses engagements internationaux et d’aller même plus loin, en protégeant 12 espèces supplémentaires. Plus largement, cette mesure met aussi en application le plan d’action international adopté en novembre 2016 sous l’impulsion de la France par l’Initiative internationale pour les récifs coralliens lors de sa dernière assemblée générale à Paris.
L’état de santé général des récifs coralliens dans la Caraïbe est particulièrement préoccupant d’autant plus que les espèces de coraux qui les construisent sont endémiques de la région, c’est-à-dire qu’elles ne se retrouvent pas dans les autres mers tropicales du globe.

Au-delà le la protection directe des spécimens, la protection des 16 espèces de coraux les plus vulnérables aux Antilles permet une meilleure prise en compte de l’ensemble de l’écosystème récifal face aux travaux, aménagements ou usages qui concourent à sa dégradation.

L’état de santé des récifs coralliens, herbiers marins et mangroves des outre-mer français : un bilan 2020 mitigé

Avec 10 % des récifs mondiaux, la France a une grande responsabilité dans la protection de ces écosystèmes. Elle s’est engagée à protéger 100% des récifs coralliens d’ici 2025. Elle s’appuie pour ce faire sur un bilan de l’état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés réalisé tous les cinq ans. Le bilan 2020, fruit d’un travail collectif avec tous les outre-mer coralliens, montre que l’état de santé des récifs coralliens français, des herbiers et des mangroves est contrasté : de grandes disparités existent entre les régions, les territoires et au sein d’un même territoire.

Les récifs sont plutôt préservés dans les territoires étendus, à faible démographie ou inhabités, dont les zones côtières sont soumises à des pressions faibles ou modérées : dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française – hors archipel de la Société, Wallis-et-Futuna), et les îles Éparses (océan Indien) : 70% des stations suivies y sont en bon état.

Ils sont plutôt dégradés, dans les territoires de superficie plus réduite, soumis à une forte pression démographique et très anthropisés : Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) et océan Indien (Mayotte, La Réunion) : 62 % des stations suivies y sont dégradées.

Les principales recommandations portent sur la réduction des pressions anthropiques « locales » (assainissement, réduction de l’érosion, gestion des aménagements côtiers…), sur l’extension des aires marines de protection forte, sur l’innovation pour renforcer la résilience des récifs et de leurs écosystèmes associés face aux impacts du changement climatique.

 

Maladie corallienne

La maladie corallienne liée à la perte de tissus (Stony Coral Tissue Loss Disease ou SCTLD) est une maladie mortelle qui affecte les coraux durs des récifs de la Caraïbe.

Elle a été observée pour la première fois en 2014 en Floride. L’agent pathogène lié à cette maladie n’est pas encore connu bien qu’elle soit réactive aux antibiotiques. Il se pourrait que le facteur déclenchant favorise la prolifération de bactéries, sans pour autant qu’elles en soient à l’origine. Cette maladie affecte plus de 20 espèces de coraux sur les 45 environs que comptent les récifs caribéens. Des espèces sont particulièrement sensibles tels que le corail fleur (Eusmilia fastigiata), le corail méandreux (Meandrina meandrites), le corail cierge (Dentrogyra cylindrus), le corail étoilé (Dichocoenia stokesii) ou encore les coraux cerveaux. La propagation de la maladie est extrêmement rapide et mortelle pour la plupart des colonies affectées.

La maladie a été récemment observée sur le territoire de la Guadeloupe (juin 2020) et au nord de Sainte Lucie (août 2020) et encore plus récemment en Martinique (septembre 2020).
Dans le cadre des suivis Directive Cadre sur l’Eau (DCE), réalisés par l’Office de l’Eau (ODE), la Guadeloupe a pu constater que l’ensemble de ses stations de mesure est affecté à l’exception de Marie-Galante. Une forte mortalité des colonies est observée.
Il existe peu de leviers d’action face à l’arrivée de cette maladie. Des réseaux d’acteurs se sont organisés sur les territoires des Antilles Françaises. La communication auprès des acteurs de la mer est l’une des actions clés. Il a été rappelé à l’ensemble des plongeurs qu’il ne faut pas toucher les coraux et que la désinfection du matériel de plongée est essentielle pour ralentir la dissémination de la SCTLD. Parallèlement aux mesures de communication auprès du public, un suivi complémentaire est en cours en Guadeloupe (piloté par l’ODE) et le suivi va être lancé sur la Martinique par la DEAL et l’ODE.
Au niveau inter-régional, AGRRA (Atlantic and Gulf Rapid Reef Assessment) organise un réseau d’acteurs et réalise de nombreux supports de communication et de documents d’information au sujet de la maladie.

Projet ACROPORA

La raréfaction drastique des coraux du genre Acropora des eaux côtières de la Martinique témoigne du processus de dégradation des récifs coralliens et de l’érosion de la biodiversité marine en cours sur notre territoire.
Différentes prospections ont pu mettre en évidence un contraste important entre les populations sur la côte atlantique et caraïbe. Un projet a vu le jour en 2015 en Martinique et vise la réimplantation de ce genre sur la côte caraïbe.

Il s’agit d’espèces à forte croissance et jouant un rôle crucial dans l’édification des récifs coralliens de la Caraïbe, les structures tridimensionnelles complexes des colonies fournissent un habitat particulier aux juvéniles de premier ordre. L’abondance de débris et de squelettes morts sur certains secteurs sont les témoins de la domination de cette espèce sur plusieurs portions récifales de Martinique.

L’effondrement alarmant des populations de ces espèces dans les années 80 (estimé à 80%) a conduit à leur inscription sur la liste rouge de l’UICN en tant qu’espèces en danger critique d’extinction (CR). Il semble que la cause principale de cette mortalité massive ait été une épizootie (maladie de la bande blanche) touchant l’ensemble de son aire de répartition. Néanmoins, les casses accidentelles (ancres, casiers), les cyclones, les épisodes de réchauffement des eaux superficielles constituent autant de menace pour les colonies relictuelles.

L’objectif du projet est de proposer à titre conservatoire et expérimental de constituer trois sites pilotes pour la réimplantation de ces espèces au large de la commune de Sainte-Luce. Ces sites sont venus s’ajouter au site au large du Diamant déjà mis en place depuis 2015.
Les boutures ont été réimplantées sur les sites de Sainte-Luce fin 2019. La pépinière du Diamant est quant à elle en cours de démantèlement et de nettoyage.
Le projet n’est pas encore terminé puisque l’objectif est la réintroduction des coraux dans le récif dans le cadre d’un programme de restauration récifale plus général sur la commune de Sainte-Luce.
Dans le cadre de ses missions et en lien avec l’IFRECOR, la DEAL était à l’initiative de ce projet dès 2015, elle en a confié la gestion à l’Asso-mer depuis 2016.

<i>Acropora cervicornis</i>
<i>Acropora cervicornis</i> | ©S.Munier
<i>Acropora cervicornis</i>
<i>Acropora cervicornis</i> | ©S.Munier

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