Serpents

Réglementation

En Martinique, trois espèces autochtones de serpents sont identifiées et toutes bénéficient d’une protection réglementaire grâce à l’arrêté ministériel du 14 octobre 2019 relatif à la protection des Reptiles et Amphibiens de la Martinique. Le Leptotyphlops à deux raies, espèce encore peu connue à ce jour, et la Couleuvre couresse, qui n’a pas été observée depuis les années 1960 et dont l’état de conservation est jugé critique, disposent d’une protection maximale. Le Bothrops fer de lance est endémique strict de la Martinique et bénéficie d’une protection en raison de son statut de menace "en danger" défini par la liste rouge de la faune de Martinique. Son caractère venimeux et dangereux pour l’homme l’exempt de la protection liée au dérangement. Ainsi la perturbation intentionnelle sur cette vipère est autorisée afin de permettre à la population de faire fuir l’animal en cas de rencontre fortuite. La destruction de ce serpent et de son habitat reste cependant interdite.

Attention ! En cas de projet impactant l’un de ces serpents, votre projet peut être soumis à une dérogation Espèce Protégée. Plus d’infos en cliquant ici !

Connaissances

  • Le trigonocéphale ou bothrops fer de lance (Bothrops lanceolatus)

Le Bothrops fer de lance ou Trigonocéphale (Bothrops lanceolatus) est endémique strict de la Martinique. Contrairement à une idée reçue, il est arrivé bien avant l’homme sur l’île. Sa dispersion en Martinique depuis l’Amérique du Sud via Sainte Lucie, a eu lieu il y a plus de 4,2 millions d’années (Wüster et al, 2002).

Bothrops fer de lance
Bothrops fer de lance | ©M.Dewynter

C’est la seule espèce de crotale présente en Martinique. Il est donc facilement reconnaissable. Il mesure en général autour de 1.50 m et certains individus peuvent atteindre 2 m. La couleur des spécimens varie, allant du noir au jaune, en passant par des gradients de gris sombres. Il présente également des tâches qui lui permettent de se fondre dans son milieu. Il s’agit d’un serpent venimeux et il peut représenter un danger potentiel pour l’homme. Ce serpent mord pour se défendre s’il se sent en danger mais il n’est pas particulièrement offensif.

Une étude a été réalisée spécifiquement sur le trigonocéphale afin d’améliorer les connaissances sur sa distribution, de modéliser les habitats qui lui sont favorables, de faire une étude génétique pour retracer son histoire démographique et de réaliser une synthèse bibliographique sur l’historique des opérations de captures et de destructions massives. En effet, longtemps chassé par le passé dans certains secteurs anthropisés (les densités de populations du bothrops étaient bien plus importantes qu’aujourd’hui), il connait, depuis les années 1970, un déclin continu de ses effectifs.
D’après cette étude, les habitats favorables au trigonocéphale sont les forêts humides au niveau des étages montagneux et collinéens. Il est également capable de s’adapter aux milieux anthropisés caractérisés par un bâti dispersé. La population au nord serait constante et dans un état qualifié de correcte, en revanche, des populations bien plus réduites et isolées au sud, seraient dans un état plus critique. La modélisation de son habitat estime à 500 m² la surface favorable à son établissement sur l’île. La diminution de ses effectifs liée à la prédation par l’homme associée au changement climatique à l’origine en partie de la réduction de son habitat justifie de lui attribuer le statut “En Danger” sur la liste rouge régionale de l’UICN.

 
Étude financée par la DEAL sur le trigonocéphale (M.Dewynter, BIOTOPE, 2012, Le statut de conservation de Bothrops lanceolatus) :
  • La Couresse (Erythrolamprus cursor)

La couleuvre Couresse (Erythrolamprus cursor) est endémique de la Martinique mais son existence actuelle sur l’île pose question. En effet, l’espèce n’est pas encore tout à fait considérée comme éteinte mais aucun spécimen n’a été observé depuis les années 60. Elle demeure donc encore aujourd’hui classée en danger critique d’extinction sur la liste rouge mondiale de l’UICN.

La couleuvre Couresse
La couleuvre Couresse | ©M.Dewynter

Cette couleuvre mesure entre 50 cm et 1m de long. De couleur brune à noir, son corps est parcouru par deux lignes blanches courant de la tête a la queue et son ventre est blanc. Sa présence a été décrite sur le Rocher du Diamant.
Ce serpent est plutôt craintif et fuit en présence du danger.

Elle aurait été victime de la prédation par les Espèces Exotiques Envahissantes en particulier la mangouste, actuellement considérée comme la cause principale de sa disparition.

Pour en savoir plus sur la Couresse :
 
  • Le leptotyphlops à deux raies (Tetracheilostoma bilineatum)

Le leptotyphlops à deux raies (Tetracheilostoma bilineatum) est endémique de la Martinique et est l’un des plus petits serpents du monde. Très peu connu et peu visible, il est pourtant largement présent en Martinique, avec une prédominance dans le sud et le centre de l’île, préférant les milieux forestiers secs et semi-humides.

Le Leptotyphlops à deux raies
Le Leptotyphlops à deux raies | ©M.Dewynter

Globalement, ce serpent ne mesure pas plus de 11 cm, son corps est sombre, parcouru par des lignes dorées sur toute sa longueur.

Les données sont encore trop lacunaires pour lui attribuer un statut de conservation mais il serait tout de même sensible à l’ouverture des milieux et à la prédation par les espèces introduites. De plus, l’introduction d’une autre espèce, le Typhlops brahme (Indotyphlops braminus), constituerait une pression supplémentaire car les deux espèces occuperaient la même niche écologique, et par conséquent, entreraient en compétition pour les ressources.

Pour en savoir plus sur les serpents de la Martinique :
 

Données disponibles

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet de l’Observatoire Martiniquais de la Biodiversité

Vous pouvez accéder à des données SIG et des cartes sur : https://www.geomartinique.f
Des données sont également disponibles sur la base de données www.faune-martinique.org

Dans l’attente d’un Système d’Information sur la Nature et les Paysages (SINP) pour le territoire de la Martinique, vous pouvez envoyer un mail à : p-speb.deal-martinique@developpement-durable.gouv.fr, pour obtenir des données complémentaires disponibles sur votre site d’étude en précisant le pétitionnaire, l’objet de l’étude et la localisation du projet (numéro de parcelle).

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Julien VEYRUNES

Bonjour, Lors d’une randonnée vers Fonds St Denis hier nous avons aperçu un serpent. Nous avons essayé de prendre des photos mais elles ne rendent pas bien. Nous sommes persuadé qu’il s’agit de la couleuvre caresse, grosses écailles noire sur le dessus et ventre blanc. Est-on vraiment certain que l’espèce est éteinte ? Cordialement Julien Veyrunes