Adapter le littoral du Prêcheur au défi du changement climatique

L’appel à manifestation d’intérêt « Opérations d’habitat renouvelé en Outre-mer », lancé le 5 juillet 2019, vise à encourager l’émergence de solutions nouvelles adaptées aux spécificités locales en matière de procédés constructifs résilients, de sobriété énergétique comme en matière d’usages, ou bien encore en revalorisation de patrimoines en déshérence.

Ce projet porté par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) et la DEAL doit ainsi contribuer à apporter des réponses efficaces à deux enjeux majeurs :

  • réduire l’empreinte écologique de la construction aux Antilles, notamment dans un contexte de forte dépendance énergétique et d’importation de produits de construction,
  • faciliter, par le développement d’une offre de relogement attractive, en prix comme en qualité d’usages, la relocalisation de populations habitant des zones exposées au recul du trait de côte et aux risques naturels.

10 groupements d’architectes ont ainsi été invités à concourir en Martinique les 3 et 4 novembre 2019, pour imaginer des solutions répondant à ces enjeux : les lauréats seront désignés au cours du premier trimestre 2020.

Le théâtre de ce travail est la commune du Prêcheur, sujette à de multiples risques naturels majeurs : submersion marine amplifiée par le recul du trait de côte, et surtout lahars. Ces coulées boueuses d’origine volcanique traversent la Ville du Prêcheur et menacent une école et des habitations. Le recul du trait de côte est par ailleurs marqué, et menace directement les maisons les plus proches du rivage.

Une urbanisation fortement exposée aux risques naturels (submersion, érosion côtière, houle cyclonique, lahars…) sans compter les risques sismiques non représentés ici qui soumettent l’ensemble des habitations mais fragilisent aussi les sols.

Un premier programme de travail sous maîtrise d’ouvrage communal a permis de proposer un projet de relocalisation de l’école, qui sera financé en partie par le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM). Ce premier travail, réalisé par un groupement d’architecte emmené par Antoine Petitjean (auto-entrepreneur par ailleurs salarié du cabinet Philippe Madec), vise également à élaborer un plan guide de la Commune, intégrant 3 zones susceptibles d’accueillir les ménages menacés par les phénomènes évoqués plus haut. Ce sont sur ces sites que travaillent les candidats à l’appel à manifestation d’intérêt "Habitats renouvelés".

Par ailleurs, ce travail s’inscrit dans une démarche globale de préservation du foncier agricole et naturel. Si la relocalisation des ménages menacés par des risques majeurs et le recul du trait de côte est souhaitable, une anticipation suffisante du phénomène doit permettre une planification urbaine équilibrée, pour densifier dans les zones aménagées et limiter autant que possible l’urbanisation diffuse.

Amorcer le principe stratégique, une mobilité du bord de mer vers les mornes, relocaliser l’habitat et les équipements, et renaturer le rivage tout en accueillant les activités maritimes (pêche et échanges)… Habiter à l’abri, en rassemblant des groupes de maisons individuelles ou semi-collectives à proximité d’un équipement refuge (ici, l’école enfantine) sur le morne face à la mer et profitant de la ventilation naturelle que procurent les alizés dans les hauteurs. Un principe qui pourrait se répéter sur l’ensemble des quartiers préchotains.

De façon générale, le recyclage du tissu urbain est une orientation majeure pour le renouvellement de l’habitat : la Martinique est en décroissance démographique et est le département au taux de vacance le plus élevé de France (15 %, soit environ 30 000 constructions). Si le parc vacant, souvent très dégradé ou dans des zones à risque, ne peut constituer une réponse immédiate, une analyse des potentialités offertes par les centralités doit être recherchée. Dans cette optique, la DEAL accompagne les communes volontaires dans l’identification de ces potentialités dans les centre-bourgs (Trinité, Sainte-Luce, le Vauclin, Rivière-Pilote), au travers de la démarche « centre-bourgs » menée par l’Agence de développement durable, d’urbanisme et d’aménagement de Martinique (ADUAM).

Financé par la Deal Martinique, l’équipe de Marennes Oléron Télévision spécialisée dans la vidéo participative a suivi et accompagné pendant six mois (février à juillet 2019) un groupe de douze habitants du Prêcheur pour réaliser un documentaire vidéo racontant avec leurs mots et leurs regards cette expérience de re-fondation urbaine.
 
 
Visionnez la vidéo en cliquant sur l’image ou en vous rendant directement sur www.mo-tv.fr

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