Mammifères marins

Généralités et protection

Baleines, dauphins, cachalots, orques … au total, une vingtaine de cétacés et dauphins fréquentent les eaux martiniquaises (voir

).

Les côtes de la Martinique constituent ainsi un habitat privilégié pour l’alimentation, la reproduction et la migration des mammifères marins. De par leurs effectifs et leur diversité, les populations résidentes ou de passage, garantissent une forte probabilité d’observation et une attraction riche en émotion pour les spectateurs. Et les usagers de la mer ne s’y trompent pas : les opérateurs touristiques, les plaisanciers et les plongeurs sont chaque année plus nombreux à partir à la rencontre de ces créatures fascinantes.

Pour autant, les mammifères marins sont des animaux sauvages protégés au niveau national (arrêté du 1er juillet 2011) modifié en 2020 par l’arrêté du 3 septembre et local (arrêté préfectoral N° 2013-065-0007), particulièrement sensibles aux agressions sonores et évoluant pour certains en groupes sociaux. Leur approche et leur observation doit donc se faire dans des conditions respectant la réglementation les protégeant (la poursuite, la perturbation intentionnelle et le harcèlement sont interdits), leur bien-être (respect des périodes sensibles du cycle vital : repos, reproduction, chasse, socialisation) et la préservation de leur milieu (bruit, pollution).

Les baleines à bosse par exemple, fréquentent nos eaux à l’issue d’un long périple depuis le nord de l’Atlantique pour s’accoupler ou mettre bas, les mères et les baleineaux étant donc particulièrement vulnérables aux approches. Compte tenu de la faible fécondité de l’espèce (11 à 12 mois de gestation), une gêne répétée peut compromettre le succès de reproduction et donc la préservation de l’espèce.

D’autres animaux résidents à l’année, comme les dauphins tachetés pantropicaux subissent quotidiennement une pression d’observation générant du stress et une modification visible des comportements.

Sanctuaire AGOA

Le Sanctuaire Agoa pour les mammifères marins dans les Antilles françaises est une aire marine protégée créée par déclaration de la France en 2010 et reconnue au titre du protocole SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife – protocole sur les aires et les espèces protégées) de la Convention de Carthagène en 2012.

Le sanctuaire est la deuxième plus grande aire marine protégées de France avec une superficie de 143 256km2. Il couvre l’ensemble de la zone économique exclusive (ZEE) des Antilles françaises, soit les eaux de la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

Le sanctuaire Agoa a pour objectif de garantir un état de conservation favorable des mammifères marins en les protégeant, ainsi que leurs habitats, des impacts négatifs directs ou indirects, avérés ou potentiels, des activités humaines.

Pour en savoir plus, consulter le site internet du Sanctuaire AGOA.

La réglementation au sein du sanctuaire

Pour tout le monde : distance d’approche supérieur à 300m !
L’approche des mammifères marins est interdite à moins de 300m sur l’eau, sous l’eau et au-dessus de l’eau.

Cela signifie qu’il n’est pas autorisé d’approcher à la nage, en kayak, en paddle, en plongée bouteille etc.., et qu’il est interdit de survoler l’animal avec un drone à moins de 300m.

Les contrevenants pourront faire l’objet de poursuites judiciaires.

Pour pouvoir vous approcher afin d’observer les mammifères marins dans leur milieu naturel, vous devez avoir recours aux services d’un professionnel formé disposant d’une autorisation. La liste des professionnels formés et autorisés est disponible sur le site internet de AGOA.

Pour les professionnels disposant d’un accusé de réception de Déclaration de Manifestation Nautique (DMN) leur permettant d’entrer dans la zone de prudence de 300m à 100m
Seuls les professionnels formés et disposant d’une autorisation délivrée par la Direction de la Mer (DM) peuvent s’approcher les mammifères marins jusqu’à 100m.

Dans la zone de prudence de 300m à 100m, il est obligatoire pour ces professionnels de se conformer aux pratiques détaillées dans la charte Agoa.

Des contrôles sont effectués par les autorités compétentes. Les contrevenants pourront faire l’objet de poursuites judiciaires.

Cas particulier de l’approche spontanée d’un animal à proximité du bateau

S’il est interdit d’approcher volontairement les cétacés à moins de 300m hors professionnels autorisés, il arrive parfois que les animaux approchent spontanément les embarcations. Dans ce cas particulier, certaines règles doivent impérativement être suivies pour limiter notre impact :

  • Ne pas chercher d’interaction avec les animaux
  • Pas de perturbation acoustique : pas de diffusion de musique à bord, pas de cris, …
  • Pas de mise à l’eau
  • Ne pas toucher l’animal directement (avec la main) ou indirectement (avec une pagaie par ex)
  • Ne pas nourrir l’animal
  • Éviter tout changement brusque de direction et de vitesse

Si ce sont de petits cétacés (delphinidés) qui approchent : je maintiens mon cap et ma vitesse
Si ce sont de grands cétacés (baleine à bosse, cachalot) : je réduis ma vitesse et débraye mon moteur

Dérogation Espèces Protégées (DEP) : approche à moins de 100m

Il est strictement interdit de s’approcher à moins de 100m des mammifères marins.

Pour autant, en tant que bureau d’étude, associations, chercheurs … etc certains projets nécessitent de s’approcher à moins de 100m. Une Dérogation Espèces Protégées (DEP) est alors nécessaire.

Les trois conditions d’octroi des DEP (article L-411-2 du code de l’environnement) :

  • il n’existe pas d’autre solution satisfaisante pour réaliser le projet, pouvant être évaluée par une tierce expertise menée, à la demande de l’autorité compétente, par un organisme extérieur choisi en accord avec elle, aux frais du pétitionnaire ;
  • la dérogation ne nuit pas au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle ;
  • le projet s’inscrit dans un des deux cas suivants :
    a) Dans l’intérêt de la protection de la faune et de la flore sauvages et de la conservation des habitats naturels ;
    b) A des fins de recherche et d’éducation, de repeuplement et de réintroduction de ces espèces et pour des opérations de reproduction nécessaires à ces fins

Les conditions de demande sont fixées dans l’arrêté du 19 février 2007.

Ces demandes sont instruites par la DEAL.

Pour plus d’information sur les DEP, consulter la page sur les espèces protégées ou contactez : sabrina.munier@developpement-durable.gouv.fr

Le bruit en mer : un guide

Les mammifères marins sont particulièrement sensibles aux nuisances sonores. Ainsi, la pollution sonore est désormais intégrée dans les études d’impact environnemental au même titre que la pollution chimique. Cependant, cette problématique est parfois difficile à appréhender, du fait de sa technicité et du manque d’informations disponibles. Le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire a élaboré en 2020 un guide sur les préconisations pour limiter les impacts des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine.

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