Araignées et scorpions

Réglementation

Les arachnides regroupent une dizaine d’ordres différents, dont les araignées, les scorpions et les acariens, les opilions et les amblypyges. Une étude des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique de 2016 a d’ailleurs permis la découverte d’une nouvelle espèce d’amblypyge endémique de Martinique (Charinus martinicensis).

<i>Charinus martinicensis</i>
<i>Charinus martinicensis</i> | ©M.Coulis

Tous les arachnides sont des arthropodes, c’est à dire qu’ils disposent d’un corps segmenté, de paires de pattes et d’une cuticule externe. Les arachnides se distinguent des insectes par l’absence d’antennes et d’ailes et par la présence de quatre paires de pattes.

Dans l’état actuel des connaissances, 80 espèces d’araignées ont été identifiées en Martinique. A ce jour, seule la Matoutou falaise endémique stricte de l’île (Caribena versicolor, anciennement Avicularia versicolor) présente un degré de menace nécessitant la mise en place d’une protection totale des spécimens et de leurs habitats. Elle est donc protégée par l’arrêté ministériel du 3 août 2017.

Attention ! En cas de projet impactant la Matoutou falaise ou son habitat, votre projet peut être soumis à une dérogation Espèce Protégée. Plus d’infos en cliquant ici !

Connaissances

  • Les Araignées

La Matoutou falaise (Caribena versicolor) est une mygale endémique de la Martinique. Son extinction sur l’île aurait pour conséquence sa disparition à l’échelle mondiale, ce qui lui attribue une valeur patrimoniale et écologique extrêmement forte.

Matoutou falaise juvénile
Matoutou falaise juvénile | ©P.Maréchal
Matoutou falaise adulte
Matoutou falaise adulte | ©T.Tzélépoglou

Elle est facilement reconnaissable de par la couleur bleu irisée des juvéniles dont les mues successives confèrent une teinte violacée à rouge vive aux adultes.
Cette espèce est arboricole et strictement forestière, particulièrement associée aux formations semi-humides à humides.
Plusieurs menaces pèsent sur cette araignée notamment la diminution des surfaces forestières et par conséquent la fragmentation de son habitat du nord au sud de l’île, qui engendrent une diminution de son aire de répartition et de la densité de ses populations. De plus, du fait de ses particularités esthétiques, elle fait malheureusement l’objet de prélèvements illégaux destinés au trafic international. En effet, afin de satisfaire le marché croissant des nouveaux animaux de compagnie, les prélèvements dans la nature, plus aisés et plus lucratifs que les élevages, se sont largement développés.

Les critères de la liste rouge de l’UICN ont été appliqués à la Matoutou falaise pour évaluer son statut. Bien que cette analyse n’ait pas encore été présentée et validée, les premiers résultats tendraient à classer l’espèce dans la catégorie en danger "EN". Les connaissances sur les autres espèces de mygales et plus largement sur les autres araignées sont encore très lacunaires et il serait prématuré de les intégrer à l’arrêté de protection.

Pour en savoir plus sur la Matoutou Falaise :
 
Biotope, 2018, Définition de périmètres d’habitats favorables à la mygale endémique Caribena versicolor
Pour plus d’informations sur cette étude, contactez : p-speb.DEAL-martinique@developpement-durable.gouv.fr.
 
 
 
P.Maréchal, 2007, Etude sur Avicularia versicolor : mygale endémique de la Martinique. Mission du 9 au 30 mai 2007
A consulter sur place au centre de documentation de la DEAL Martinique (05 96 59 58 03)
 
L.Louis-Jean, 2005, Gestion de la biodiversité dans un cadre de développement durable et législation concernant les mygales en Martinique : Avicularia versicolor et Acanthoscurria antillensis ?
A consulter sur place au centre de documentation de la DEAL Martinique (05 96 59 58 03)

La Matoutou falaise est de loin l’araignée la plus connue en Martinique ! Cependant, elle n’est pas la seule mygale présente sur l’île. D’autres espèces de mygales ont été identifiées sur le territoire :

Bien d’autres espèces d’araignées ont été identifiées lors des inventaires entres autres :

<i>Chrysometa eugeni</i>
<i>Chrysometa eugeni</i> | ©P.Maréchal
<i>Lyssomanes sp</i>
<i>Lyssomanes sp</i> | ©P.Maréchal
Etude financée par la DEAL sur les araignées en Martinique :
 
  • Les Scorpions

Une étude commandée par la DEAL et réalisée en 2019 par le bureau d’étude Biotope a permis de faire un état des lieux de la diversité des scorpions en Martinique et a actualisé la liste des espèces présentes sur l’île. En effet, les données antérieures à cette étude témoignaient de l’existence de 5 espèces sur le territoire. Or, cette dernière étude a confirmé la présence de 2 espèces sur les 5 pré-ciblées. Des inventaires nocturnes à l’aide d’une lampe UV (les UV se réfléchissant bien sur les carapaces des scorpions) ont été effectués et ont été complétés par des prospections de jour.

<i>Didymocentrus martinicae</i> (observé à la lampe UV à droite)
<i>Didymocentrus martinicae</i> (observé à la lampe UV à droite)

Après des recherches approfondies, l’espèce récemment découverte en 2016 Tityus marechali endémique de la Martinique, s’est avérée correspondre à une espèce anciennement décrite, supposée éteinte et connue sous le nom de Tityus exstinctus. Peu de données de présence de cette espèce ont été récoltées à ce jour et les informations sont encore insuffisantes pour définir la niche écologique de l’espèce. Cependant, les observations montrent que ce scorpion se retrouve le plus souvent au sol au niveau de la litière, sous les pierres, parfois sur les troncs et les branches à faible hauteur.

<i>Tityus exstinctus</i>
<i>Tityus exstinctus</i> | ©Johan Chevalier

L’autre espèce recensée lors de l’inventaire de 2019 est Didymocentrus lesueurii. Ce scorpion, déjà connu, a une distribution plus large et est le plus commun de l’île. Cependant, une étude de Teruel et Questel parue en 2020 a montré que des erreurs d’identification morphologiques ont en réalité été faites en Martinique. Les auteurs ont réalisé des comparaisons morphologiques minutieuses du scorpion présent en Martinique et de celui de Ste-Lucie. Ils ont montré qu’il y a assez de différences morphologiques entre les deux pour les distinguer et les considérer comme deux espèces différentes. Ainsi, tous les scorpions qui avaient été identifiés initialement comme des Didymocentrus lesueurii en Martinique sont en réalité des Didymocentrus martinicae. Il existe donc désormais une nouvelle espèce endémique de scorpion en Martinique.

<i>Didymocentrus martinicae</i>
<i>Didymocentrus martinicae</i> | ©Johan Chevalier

Deux autres espèces recherchées Isometrus maculatus et Centruoides barbudensis n’ont pas été retrouvées. La première correspond à une espèce introduite dont des spécimens collectés en Martinique sont conservés au Musée du Père Pinchon. Il est possible qu’il soit présent de façon localisée mais cela devra être confirmé par d’autres prospections. La seconde espèce, Centruoides barbudensis n’a probablement jamais existé en Martinique. En effet, le genre Centruoides n’est présent que dans le Nord des Petites Antilles au dessus du Canal de la Dominique et sa présence en Martinique constitueraient une étonnante exception. De plus, il est adapté à une importante diversité de milieux et aurait donc été facile à détecter.

Le genre Microtityus n’est pas non plus présent en Martinique contrairement à ce qui pouvait être attendu. En effet, la large disposition de ces scorpions à perdurer dans divers milieux sous-entend qu’il aurait été inventorié facilement lors des différents inventaires s’il avait été présent. Ce genre ne serait donc pas représenté en Martinique.

Cette étude a également permis de former des acteurs locaux qui pourront désormais inventorier et reconnaître les différentes espèces de scorpions. En effet, les données sont encore très lacunaires et la poursuite de l’effort de prospection couplé à des analyses génétiques seront nécessaires pour confirmer et compléter les résultats de cette récente étude.

Etude financée par la DEAL sur les scorpions en Martinique :
 

Données disponibles

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet de l’Observatoire Martiniquais de la Biodiversité

Pour obtenir les couches SIG des lieux favorables à la matoutou falaise, envoyez un mail à l’adresse p-speb.deal-martinique@developpement-durable.gouv.fr en précisant : le pétitionnaire, le maître d’œuvre, le cadre et l’objet de l’étude, la localisation du projet (numéro de parcelle) et la donnée attendue.

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jacques MASSOL

Bonjour, Mon épouse (aujourd'hui disparue à et moi étions en stage d'interne à la Martinique en 1976 (elle à l'hôpital civil de Fort de France, moi à l'hopitâl hospice de Trinité). Le 14 juillet, veille de notre retour en métropole, nous avions décidé d'effectuer la célèbre ballade du nord de l'île entre Prêcheur et Grand rivière (si je me souviens). Nous avons été surpris par la nuit et dans l'impossibilité d'avancer car les fougères arborescentes et les chemins étaient remplis de grosses araignées, mygales vraisemblablement et le soleil tomba rapidement. Nous sommes donc restés dos à dos, toute la nuit avec une peur que je vous laisse imaginer, sans être inquiétés par les mygales. Le lendemain matin les araignées étaient toujours là mais nous avons trouvé le moyen de progresser sur le chemin qui s'élargissait sans les toucher et sommes sortis de la forêt. Ces araignéées étaient magnifiques, dans mon souvenir bleues et peut-être un peu rouges. Cette aventure a marqué notre existence. Nous nous sommes toujous demandés pourquoi elles s'étaient rassemblées ainsi car il y en avait partout, des centaines. On nous avait parlé de la mue ? Etait-ce la saison des amours ? Si vous avez des explications, merci d'avance, cordialement.

Paul PARFAIT-VERHEYT

Je viens de capturer dans une salle de bains (maison individuelle Lotissement La Caraïbe à Case-Pilote) un scorpion d’environ 7 cms qui semble etre un Dydi … martinicae. Dois-je le tuer ou le remettre dans la nature loin de la maison ?